publié le 17 avril 2025
Après plus de 50 ans à la tête du Forum économique mondial (WEF), Klaus Schwab, 86 ans, se retire progressivement. Ce départ marque un tournant important pour une organisation façonnée par la vision – et la personnalité – de son fondateur. Sa sortie de scène ne passe pas inaperçue : elle incarne la fin d’une ère, faite d’influence, de convictions fortes… Mais aussi de polémiques. Pour beaucoup, c’est la fin du “WEF version Schwab” et le début d’une refonte en profondeur. Reste à savoir : dans quelle direction ira ce « nouveau » WEF ?
Créé en 1971 par Klaus Schwab, économiste et universitaire allemand, alors professeur d’économie à Genève, le WEF visait à rapprocher les entreprises européennes des standards managériaux anglo-saxons. Il est rapidement devenu bien plus qu’un forum d’idées : un carrefour d’influence mondiale. Depuis 1971, chaque année à Davos, politiques, grands patrons, ONG, économistes et universitaires débattent des grands enjeux globaux : croissance, climat, innovation, conflits, inégalités… Mais derrière cette institution se trouvait un homme, son fondateur, Klaus Schwab, dont la vision technocratique et globaliste a façonné le ton, le fonctionnement et les ambitions du Forum de Davos.
La sortie de scène de Schwab, qui devrait s’achever en janvier 2027, met fin à un modèle de gouvernance très centralisé. Pendant cinq décennies, le WEF a été incarné par une seule voix, celle de son fondateur. Il a imposé une vision : celle du capitalisme des parties prenantes, où les entreprises ont un rôle sociétal à jouer, au-delà du profit. Mais cette personnalisation extrême a aussi nourri les critiques : élitisme, opacité, manque de représentativité… Aujourd’hui, avec la passation de ses fonctions exécutives à Børge Brende (déjà en poste depuis 2024 et ancien ministre norvégien des affaires étrangères) et la réorganisation des équipes, le WEF amorce une gouvernance plus collégiale, plus horizontale.
Le retrait de Schwab intervient dans un contexte de remise en question du modèle Davos. L’organisation a été régulièrement attaquée ces dernières années, parfois via des théories complotistes, mais aussi par des critiques fondées : déconnexion avec les citoyens, manque de transparence, domination de l’agenda par les grandes entreprises. Pour conserver sa légitimité, le WEF doit aujourd’hui moderniser son image, ajuster ses priorités et réinventer ses formats de dialogue. L’occasion est réelle : aller vers plus d’inclusivité, d’impact concret, de lien avec les enjeux sociaux et environnementaux que vivent les entreprises et les populations.
Si le départ de Schwab ouvre une voie nouvelle, il fragilise aussi le Forum. L’homme disposait d’un réseau personnel immense auprès des élites mondiales. Ce capital relationnel ne se transmet pas automatiquement. L’aura du Forum pourrait en pâtir, au moins temporairement. En interne, la situation est tendue. Des collaborateurs clés — y compris des enfants de Schwab impliqués dans l’organisation — ont quitté le WEF, les critiques sur la culture managériale, et les enquêtes internes montrent une institution en reconstruction. La réussite de cette transition dépendra de la capacité de la nouvelle direction à incarner une vision claire et à restaurer la confiance.
Illustration fictive générée par IA – cette image ne représente pas une photographie réelle.
Le départ de Klaus Schwab était attendu depuis longtemps. Son règne sans partage a donné au Forum une allure de club fermé, déconnecté du monde réel, figé, plus soucieux de ses propres intérêts que de ceux du monde. Ce cercle d’influence a été l’un des moteurs de la mondialisation, avec ses réussites, mais surtout ses dérives bien connues. La fracture sociale n’a jamais été aussi marquée entre la haute finance, les mille milliardaires… et le reste du monde. Inutile de s’attarder sur les représentants du G7, qui ont toujours été à la botte de la grande finance, et sans réel poids dans les décisions prises à Davos.
Quid des enjeux économiques et sociaux à venir ?
Ce départ est une excellente nouvelle qui ouvrira on l’espère un renouveau nécessaire : plus de transparence, plus de diversité dans les idées et surtout plus d’ancrage dans le réel. Davos a besoin de sortir du costume sur mesure pour se retrousser les manches — et se rendre à nouveau utile. Le chemin semble malgré tout… Immense mais l’espoir fait vivre…