publié le 23 décembre 2024
La récente dégradation de la note de crédit de la France par Moody’s, l’une des trois agences de notation financières les plus connues avec Fitch et Standard & Poor’s, soulève des inquiétudes quant à l’avenir financier du pays et à son positionnement sur les marchés obligataires. Plusieurs experts et investisseurs anticipent d’éventuelles actions similaires de la part des autres grandes agences de notation, Tic Tac vous expose son point de vue !
Vendredi 13 décembre, l’agence Moody’s a abaissé la note souveraine française à « Aa3 » avec une perspective stable. Moody’s justifie sa décision par une prévision de fragilisation des finances publiques dans les années à venir, en raison de la fragmentation politique actuelle qui limite la capacité du gouvernement à mettre en place des réformes budgétaires ambitieuses. La France se trouve dans une situation inédite depuis 45 ans, terminant l’année sans budget pour 2025, ce qui accentue les incertitudes économiques.
L’absence de loi de finances définitive impose une gestion budgétaire limitée aux crédits alloués en 2024, freinant les nouvelles dépenses et investissements. De plus, le non-ajustement du barème de l’impôt sur l’inflation pourrait alourdir la charge fiscale pour de nombreux ménages, réduisant encore leur pouvoir d’achat.
Voici un aperçu du système de notation de Moody’s, du meilleur au moins bon :
Une note Aa3 signifie que l’entité (par exemple, la France en ce moment) présente un faible risque de défaut de paiement, mais elle peut être affectée par des conditions économiques plus défavorables. Elle est souvent perçue comme une bonne note, mais moins solide que les Aa1 et Aa2. Les investisseurs peuvent toujours considérer un investissement avec cette note comme relativement sûr, mais avec un risque légèrement plus élevé qu’avec une note Aaa.
La décision de Moody’s n’a pas provoqué de turbulences majeures sur les marchés obligataires. Cependant, l’écart de taux (« spread ») avec l’Allemagne, qui s’élève actuellement à 80 points de base, reflète une perception accrue du risque lié à la dette française. Si les perspectives économiques et politiques ne s’améliorent pas rapidement, cet écart pourrait s’élargir davantage, rapprochant la France des niveaux de risque associés à des pays comme l’Italie. Une telle évolution pourrait compliquer le financement de la dette publique et peser lourdement sur les futures émissions obligataires.
Marie-Anne Allier, gérante chez Carmignac Gestion, estime que la dégradation par Moody’s « augmente la probabilité d’un abaissement similaire par Fitch« , prévu en avril 2025. Toutefois, certains experts, comme Bernd Volk de Deutsche Bank, jugent qu’une nouvelle dégradation immédiate reste peu probable, les investisseurs ayant déjà intégré ce risque dans leurs évaluations.
Malgré cela, l’absence de stabilité politique et l’incertitude autour de la réduction du déficit public constituent des facteurs aggravants. Selon Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie, la France risque de se retrouver « étranglée par le nœud coulant des taux d’intérêt » si des mesures structurelles ne sont pas rapidement adoptées.
La dégradation de la note souveraine a également touché le secteur bancaire français. Moody’s a abaissé la note de sept grandes banques, dont BNP Paribas, Crédit Agricole et le Crédit Mutuel, de Aa3 à A1. Cette décision reflète une interdépendance entre la solidité financière de l’État et celle de ses principales institutions financières. Ces abaissements pourraient augmenter le coût du financement pour ces banques et, par ricochet, pour les entreprises et les particuliers, exacerbant les tensions économiques.
Le nouveau gouvernement dirigé par François Bayrou a mis en avant la nécessité de restaurer la crédibilité budgétaire de la France. Les priorités immédiates incluent l’adoption rapide d’un budget pour 2025 et la mise en œuvre de réformes structurelles visant à ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2029. Cependant, ces objectifs seront difficiles à atteindre sans consensus politique, dans un Parlement où aucune majorité claire n’existe. Dans ce contexte, l’équilibre entre austérité budgétaire et soutien à la croissance économique sera crucial.
Inlassablement, la dette de la France s’enfonce malgré la baisse de 0,75 points des taux de la BCE depuis le début de l’année qui aurait dû avoir pour effet de diminuer l’accélération de la dette. Bruno Le Maire et Emmanuel Macron sont solidairement responsables de cette accélération de la dette publique française et les propositions tenues par M. Le Maire sont lunaires…Alors oui, les banques par effet domino sont impactées, car ce sont elles qui portent une très grosse partie du poids de la dette publique à travers les investissements sur le fonds Euro en assurance vie de droit français mais aussi à travers la gestion de l’encours des livrets.
Notre stratégie ne change pas : ne pas se positionner sur ce type d’investissement. La France étant ingouvernable, les décisions seront prises par Bruxelles dans quelques temps. Dommage pour ceux qui n’auront pas arbitré !